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18 janvier 2011 2 18 /01 /janvier /2011 13:29

2010-12-03 09.38.19

 

 

 

Il était un grand sapin, assez vieux,

Fier et vigoureux.

A quarante-trois ans, il dominait les autres, ses amis de la forêt.

L'écureuil et ses petits l'adoraient,

Tant il était facile à escalader.

Ses cônes faisaient leur régal et celui des autres rongeurs aussi.

A chaque printemps il grandissait et le bout de ses branches,

Prenait une teinte fraîche et bleutée.

Parfois des amoureux,

Venaient s'asseoir à son pied et se faire des messes basses.

En ces moments là,

Il regardait le ciel et faisait celui qui n'entendait rien.

Sauf les oiseaux sous ses ramures.

 

Un jour d'hiver, alors que la neige lui faisait baisser les bras,

Il entendit des voix qui s'approchaient.

Plus rudes qu'à l'habitude.

Des hommes.

A son pied, il déposèrent leurs outils.

Le vent lui fit courber la tête,

Mais avec toute cette neige, il ne voyait pas jusqu'au sol.

Soudain un bruit épouvantable lui monta à la tête.

Il l'avait déjà entendu ce bruit,

Mais dans le lointain.

Et peu après, il avait vu ses amis s'écrouler dans la forêt,

Et partir, pour toujours.

 

On lui avait rapporté que ce n'était pas vraiment grave.

Que sa vie d'ici était terminée,

Et qu'une autre vie allait commencer,

Ailleurs, autrement.

Selon leurs origines,

Certains devenaient meubles, instruments de musique,

Ou étagères.

Ou pire, cageots de légumes, boîte de camembert.

Pouahhh.

Malheureusement pour lui,

L'épicéa est une race sans grande valeur.

Mal né.

 

Une fois ses bras coupés et abandonnés à la vermine,

On le fit monter sur un camion.

En trois morceaux.

Et saucissonné avec des câbles qui lui écrasaient les côtes,

Il roula pendant des heures, sous la pluie.

Nu.

Puis à l'arrivée, jeté dans la boue.

 

Quelques semaines plus tard,

D'autres hommes vinrent s'agiter autour de ses troncs.

Qui furent soulevés par un engin et déposés sur un chariot.

Le bruit était encore plus violent que ce qu'il connaissait jusqu'à présent.

Et c'est en planches que ça fini.

A cette époque,

Il rêvait encore de devenir petit meuble de cuisine ou de salon,

Dans un magasin scandinave.

Ou planchette dans une grande surface pour bricoleur,

Payée encore cher, puis bichonnée et laquée pour la chambre du nouveau-né.

Mais c'est sous forme de palette qu'il fini.

 

Le pire est a venir.

Elle fut vendue avec ses semblables à une usine.

On lui mis sur le dos une quantité de lourds cartons et autres boîtes.

Après d'autres voyages et diverses brutales manutentions,

Elle fut balancé négligemment dans un container à ordures.

Avec d'immondes cageots pour compagnons.

Quelle descente aux enfers pour un si beau sapin,

Qui vivait si heureux, avec ses amis,

Dans la forêt, loin d'ici.

Soudain, des hommes arrivèrent en meute hurlante et vociférante

On la pris par la planche et la jeta à l'arrière d'une camionnette,

Avec d'autres.

Quelques minutes plus tard, elle arriva sur une route envahie par des gens,

Probablement échappés d'un établissement,

Car ils soufflaient dans des trompettes et des sifflets,

Les joues rouges, les yeux injectés de sang,

A cause du vent probablement.

D'autres poussait des cris inintelligible ou abstraits,

On aurait pu croire qu'ils chantaient.

Puis on la jeta sur un tas de vieux pneus enflammés.

Sur leur poitrine on voyait un badge : cégété.

A contrecœur elle brulât.

Sans étincelles. Sans chaleur.

Pour rien.

Dur.

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